Ne vous focalisez pas sur le prix catalogue d’une Tesla. Certes, c’est 20 000 euros plus cher qu’une Mercedes classe C diesel, mais grâce à des déductions fiscales plus élevées et à des frais de recharge plus faibles, les avantages offerts par une voiture électrique peuvent combler partiellement cet écart après 4 ou 5 ans » dit Kim Leemans, Legal Advisor chez Securex.
Oui, une voiture écologique plus chère peut être rentable, du moins si vous regardez au-delà du prix d’achat ou de location. Le prix d’achat n’est qu’un des facteurs pris en compte dans le coût total appelé Total Cost of Ownership) (TCO), généralement calculé sur 4 à 5 ans. De nombreux passages à la pompe et une déductibilité fiscale de plus en plus limitée, peuvent fortement influencer ce coût total en fin de route.
Quels critères pour une flotte fiscalement intéressante ? « En fait, c’est simple » dit Kim Leemans. « Moins la voiture émet de CO2, plus les frais liés à la voiture peuvent être déduits« . Il s’agit des coûts de leasing et d’amortissement, bien sûr, mais aussi des coûts d’entretien, de réparation, de carburant et de recharge.
La méthode de calcul du pourcentage de déduction a été modifiée ce 1er janvier 2020. Il n’y a désormais plus de différence entre les employeurs avec ou sans société. Une nouvelle formule s’applique aux voitures carburant. Au nombre des composantes de cette formule, les émissions de CO2 représentent le facteur déterminant. Le type de carburant (diesel, essence, GPL) est quant à lui un facteur complémentaire*. Cette formule ne tient pas compte des voitures qui émettent plus de 200 grammes de CO2 : pour elles, un pourcentage de déduction fixe de 40 % s’applique.
Pour les voitures électriques, c’est plus facile : leurs coûts sont tout simplement déductibles à 100 %. L’année dernière leur niveau de déductibilité sélevait encore à 120 %.
* Pourcentage de déduction = 120 % – (0,5 % x nombre de grammes de CO2 x coefficient selon le type de carburant).
Mercedes Classe C (diesel) | Tesla Modèle 3 (électrique) | |
Emission CO2 | 118 g/km | 0 g/km |
Prix catalogue | 35.000€ | 55.000 € |
Leasing/mois | 602,62€ | 771 € |
Déductibilité | 61 % (en 2019 = 75 %) | 100 % (en 2019 = 120 %) |
Coût net après 5 ans | 30.643,23 € | 34.695 € |
Coût d’utilisation après 125.000 km | 9.500 € | 4.000 € |
Coût total sur 5 ans | 40.143,23 € | 38.695 € |
Dans cet exemple, le montant du leasing pour une Tesla Modèle 3 est considérablement plus élevé. Même après l’application de la déduction fiscale, la Mercedes Classe C est moins chère de plus de 4 000 €. Cependant, dans le cas de la Tesla, cette différence est compensée grâce à des coûts moins élevés de 5.500 € par rapport aux coûts engendrés par la Mercedes. Au final, après 5 ans, la Tesla est moins chère de 1.448,23 €.
Un premier avantage du leasing est que vous ne devez pas débourser l’entièreté du montant d’achat lors de la mise en circulation de la voiture. C’est certainement intéressant pour les entreprises dont la trésorerie est plus limitée.
La formule de leasing, vous permet également de ne pas vous soucier de la valeur de revente après amortissement lors du calcul du TCO. En effet, le risque de la valeur résiduelle est assumé par la société de leasing. Si vous disposez d’une flotte de voitures électriques, son coût d’utilisation sera moins élevé et le régime fiscal est en plus, plus favorable.
Leasing et moteurs électriques représentent les ingrédients idéaux pour une flotte à bon prix. Si un grand nombre de voitures de société électriques devaient bientôt circuler sur les routes, il s’agirait probablement de voitures de leasing.
Malgré les arguments financiers, rouler au volant d’une Tesla reste réservé aux plus chanceux. Kim Leemans ne s’attend pas non plus à voir une grande percée des véhicules électriques cette année.
ll existe tout d’abord des obstacles pratiques. Lorsqu’ils optent pour l’électrique, les employeurs doivent être prêts à augmenter le budget de leasing de leurs employés. Ils doivent également investir dans l’installation d’une borne de chargement, à la fois à la maison et au travail. Cet argent sera récupéré par le biais d’un régime fiscal plus avantageux et de coûts d’utilisation plus faibles.
Mais notre culture aussi peut représenter un obstacle. 6 Belges sur 10 considèrent la voiture de société comme un élément essentiel de leur package salarial. De plus, leur voiture est souvent le symbole d’un certain statut. A prix égal, de nombreux dirigeants et représentants d’entreprises continueront probablement à préférer une Audi ou une BMW classique à une Volkswagen e-Golf, uniquement pour des raisons d’image. « Aux Pays-Bas,par exemple, c’est moins le cas. Là-bas, le directeur roule sans problème dans une Peugeot 208. »
D’une part, le TCO n’est qu’une estimation. Il n’existe pas de formule uniforme et des imprévus peuvent toujours survenir. Par exemple, toute personne ayant calculé le TCO d’un véhicule électrique en 2018 en tenant compte de la déductibilité de 120 %, verra ce calcul tomber à l’eau du fait de la déductibilité actuelle à 100 %. Les zones à faibles émissions plus strictes et le récent Green Deal européen sont également un signe que le prochain gouvernement ne restera pas inactif. D’autre part, les employeurs possédant une flotte hybride voient parfois l’estimation du TCO s’envoler parce que l’employé n’a pas de borne de chargement à la maison, ou l’utilise trop peu. Dans ce cas, le moteur électrique plus coûteux de la voiture hybride n’est pratiquement pas utilisé, ce qui entraîne des coûts de carburant beaucoup plus élevés que prévu. Il est donc préférable pour l’employeur de surveiller le rapport entre le chargement et le kilométrage parcouru, avec l’aide de la société de leasing. Il est également nécessaire d’établir une bonne car policy, qui représente une convention signée entre le travailleur et son employeur sur les modalités d’utilisation.
Les employeurs s’intéressent à la mobilité et sont de plus en plus disposés à investir dans des solutions alternatives. “Proposer un speedbike ou un vélo électrique type « bakfiets » dans un plan cafétéria, permet aux travailleurs de ne pas investir eux-mêmes des milliers d’euros”. De plus, les horaires de travail flexibles, les bureaux satellites et le travail à domicile permettent à un plus grand nombre de travailleurs d’oser expérimenter d’autres moyens de transport.
Une précédente étude de Securex a montré que 4 travailleurs belges sur 10 envisagent un vélo électrique comme alternative à la voiture de société, si on leur en donnait la possibilité. Parmi tous les types de voitures de société, les travailleurs trouvent qu’un modèle hybride (57 %) est le plus attrayant. Les voitures électriques (53 %) sont également plus attrayantes que les moteurs à essence (52 %) et les moteurs diesel (48 %) traditionnels.